La situation géographique du Sénégal, situé le long de la ceinture sahélienne de l’Afrique, signifie que son agriculture est déjà confrontée au choc du changement climatique. Les experts affirment que si des mesures urgentes ne sont pas prises, les petits exploitants agricoles risquent d’en souffrir davantage.

L’arachide figure parmi les cinq principaux produits d’exportation du Sénégal et la filière occupe des millions de petits agriculteurs dans le pays.

Moteur de l’économie sénégalaise pendant des décennies, la filière arachide a subi une crise majeure, selon le Programme sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire(CCAFS).

Mais les tendances commencent à changer avec l’investissement substantiel du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), dans ce secteur crucial.

Au cours des dernières années en effet, le PPAAO Sénégal a été à la pointe du financement des efforts de recherche et développement visant à revitaliser le secteur et à le stimuler de manière à booster la croissance économique, la création d’emplois et la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population sénégalaise et ouest africaine.

Le PPAAO a non seulement soutenu la production de nouvelles variétés de semences, mais il a également relevé des défis connexes tels que la construction de magasins de stockage de semences, l’acquisition d’unités de traitement et conditionnement des semences, la lutte contre l’aflatoxine (toxine secrétée un champignon (Aspergillus flavus) contaminant l’arachide), l’appui des producteurs semenciers organisés autour des coopératives et l’amélioration des possibilités de commercialisation.

Par le biais du centre d’excellence régional sur la recherche en céréales sèches, (CERAAS), le PPAAO a financé la recherche adaptative sur les céréales essentielles telles que le mil, le maïs, le sorgho et le fonio et les cultures associées telles que l’arachide et le niébé.

Résultats décisifs

Grâce au soutien du PPAAO, le Centre national de recherche agricole (CNRA), situé à Bambey environ 120 km de Dakar, s’est mis au travail pour produire de nouvelles variétés d’arachides plus résilientes pouvant s’adapter au climat actuel. Jusqu’à présent, dix variétés d’arachides intelligentes face au climat ont été générées, homologuées et sur le point d’être disséminées auprès des producteurs.

Parmi ces nouvelles variétés on peut citer : ‘’Yaakaar’’, ‘’Rafet’’, ‘’Taaru’’, ‘’Essamay’’, ‘’Amoul Morom’’, ‘’Tossette’’ et ‘’Sunugal’’.

« Les variétés actuelles d’arachides utilisées par les producteurs ont entre 20 et 50 ans d’âge. Elles ne peuvent pas produire les rendements escomptés dans les conditions climatiques actuelles. En revanche, les nouvelles variétés sont à haut rendement, résistantes aux maladies et exemptes de parasites, » déclare le Dr. Issa Faye, Sélectionneur d’arachide au CNRA de Bambey.

« Par rapport aux anciennes variétés, vous pouvez voir une différence significative à la maturité des gousses d’arachides par plante, dans le poids et dans la taille de la graine. »

Des attentes élevées

Dans le centre, le sud ou l’est du Sénégal, en particulier dans les régions de Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kolda, Thiès et Tambacounda, la majorité de la population s’active dans la culture de l’arachide.

Les experts prévoient que ces nouvelles variétés amélioreront considérablement la production.

« La dissémination de ces nouvelles variétés d’arachides à usage multiple avec un potentiel de rendement élevé autour de 2,5 à 3 tonnes par hectare et un cycle moyen entre 80 à 120 jours, plus résistante aux maladies, va donner un second souffle à la culture de l’arachide. Ces variétés  contiennent par ailleurs entre 40 et 50 % en teneur d’huile et les grosses graines pèsent environ 15 grammes. Celles-ci conviennent bien aux producteurs, » souligne le PPAAO Sénégal.

Bien que les processus de validation et d’homologation soient déjà terminés, les semences ne sont pas encore entre les mains des producteurs. Et les coopératives spécialisées se disent tout à fait disposées  à recevoir ces semences de base pour leur multiplication.

« Ce que nous projetons, c’est que d’ici à 2020, les nouvelles variétés seront entre les mains de tous les agriculteurs, » a ajouté le Dr Faye.

Un avantage pour l’Afrique de l’Ouest

Quatre pays ouest africains présentant des conditions climatiques proches ou similaires à celles du Sénégal ont d’ores déjà reçu les nouvelles semences. Il s’agit en l’occurrence du Mali,  du Niger,  du Burkina Faso et du Bénin.

En vertu du dispositif régional mis en place par le PPAAO, des centres de recherche nationaux spécifiques génèrent des technologies et des innovations et veillent à ce qu’elles soient disponibles au niveau des autres pays de la région.

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