En 2014, les planteurs du Burkina Faso avaient peu d’expérience dans la culture du bananier plantain.

“La culture des plantains au Burkina Faso était rare à l’époque “, rappelle Paul Ilboudo, technicien de recherche chevronné de la Direction régionale de l’Ouest de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (INERA).

Boosté par la nouvelle initiative de collaboration régionale en matière de recherche, facilitée par le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), à travers les Centres Nationaux de Spécialisation (CNS), l’INERA a introduit trois variétés améliorées de bananiers plantains (PITA 3, FHIA 21, et Big Ebanga) du CNS-Plantain de la Côte d’Ivoire.

Mme Kassongo Sylvie, la quarantaine bien replie et agricultrice a été la première productrice à expérimenter dans sa ferme, la culture des trois variétés introduites pour la première fois en 2014.

Cinq ans plus tard, de la cinquantaine de plants par variété lors des tests, elle a étendu sa plantation à une superficie de deux hectares et génère d’importants revenus grâce à la vente. Par ailleurs, elle a également noté une amélioration substantielle de ses moyens de subsistance. Les retours sur son investissement sont si encourageants, qu’elle prévoit d’agrandir sa plantation si elle obtenait du crédit, un plus grand accès à la terre et un système d’irrigation fiable.

“Il y a beaucoup d’autres producteurs à travers le Burkina Faso qui se sont tournés vers la production de plantains à la suite de mon expérience réussie,” dit Mme Kassongo. En effet, Me Kassongo a mis à la disposition d’autres producteurs issus de diverses localités du pays, des rejets pour environ 3 ha, toutes variétés confondues.

“Il y a une demande élevée des 3 variétés qui sont toutes aussi performantes. Ce qui manque, ce sont des terres et des moyens financiers pour étendre nos activités “, poursuit-elle.

Comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, les banques ou les institutions financières de microcrédits rechignent à accorder des prêts et des financements attractifs aux petits exploitants agricoles voire aux producteurs en général.

“Il est si difficile d’obtenir des prêts auprès des banques. Elles affirment souvent que nos produits sont périssables et, dans certains cas, nous ne pouvons pas fournir les garanties requises “, déplore Mme Kassongo.

Intérêt croissant

Au cours des dernières décennies, la recherche a mis au point des variétés hybrides de plantains résistantes aux maladies et à haut rendement. Il ne reste plus qu’à mettre à l’échelle ces technologies.

L’adoption de nouvelles variétés de plantain au Burkina Faso est réelle, selon l’INERA.

“Nous voyons des agriculteurs parcourir 600 kilomètres pour obtenir les nouvelles variétés hybrides. Il y a de l’enthousiasme et de l’intérêt, ceci grâce aux résultats positifs obtenus”, explique M. Ilboudo.

Des zones agroécologiques similaires

Le Burkina Faso est situé au nord de la Côte d’Ivoire. Bien que la majeure partie du pays soit située en zone sahélienne avec des impacts apparents de la désertification et du changement climatique, la recherche a permis de cultiver le bananier plantain même en contre-saison.

“Les variétés ont des caractéristiques agronomiques améliorées. Avec un excellent système d’irrigation et de gestion des plantes, il est possible de cultiver du plantain au Burkina Faso, y compris en contre-saison “, explique Ilboudo.

“Si toutes les parties s’unissent, il est possible que le Burkina Faso produise suffisamment de plantains pour réduire significativement les importations, voir atteindre des seuils où l’exportation deviendrait envisageable “, soutient Ilboudou.

Les bananes plantains constituent une source importante de glucides pour des millions de personnes en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Entre 2012 et 2016, de nouveaux cultivars de plantains ont été multipliés et distribués aux agriculteurs du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Togo dans le cadre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), coordonné par le Conseil ouest et centre africain de recherche et développement agricoles (CORAF).

Selon un article scientifique récemment publié, la diffusion et l’adoption de ces variétés hybrides de plantains amélioreront l’intensification durable des systèmes d’agriculture à base de plantains dans les plaines humides d’Afrique de l’Ouest et du Centre.

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