Niger 17 mai 2018 /

Dans une société où la majorité des filles et des femmes sont confinées aux tâches ménagères ou de simples ouvrières agricoles, briser les stéréotypes sociaux et liés au sexe peut s’avérer extrêmement difficile.

Mais pas pour cette étudiante nigérienne de 30 ans en doctorat en production animale à l’Université d’Abdou Moumouni dans la capitale, Niamey. L’Université d’Abdou Moumouni est la plus ancienne institution d’enseignement supérieur du Niger et ayant le plus grand nombre d’étudiants.

« Il y a beaucoup de gens qui se demandent pourquoi je consacre tant d’années à mes études plutôt que de me marier, mais je n’ai pas d’autre priorité que de terminer mes études et de contribuer à la croissance de mon pays.  Etudier et se marier ne sont pas incompatible. Quand le moment viendra, je trouverais un mari », rassure Halidou Maiga Naffisatou.

Naffisatou fait partie des étudiantes pionnières du programme des bourses de master en production animale, financé par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest(PPAAO). Elle faisait partie des trois étudiants d’une classe de 16. Elle a obtenu son diplôme en 2017 et s’est inscrite en doctorat. Elle devrait obtenir son diplôme de troisième cycle en 2020.

«Lorsque je faisais mes études au premier cycle, j’ai dit à mon encadreur, que sans un programme en production animale, je ne continuerais pas mes études supérieures», rappelle-t-elle.

Pourquoi?

« Parce que j’ai toujours aimé la production animale et l’élevage en général, mais ma motivation est liée au fait que je vois beaucoup de gens au Niger qui veulent avoir du lait de qualité et nutritif. »

« C’est ce savoir-faire qui a également guidé le choix de mon thème de recherche: ce que je fais, c’est augmenter la productivité du bétail et la production de lait », ajoute-t-elle avec un sourire.

En parlant avec Naffisatou, on a l’impression qu’elle apprécie vraiment ce qu’elle fait et qu’elle semble avoir choisi le bon domaine d’études pour apporter sa contribution aux défis auxquels son pays est confronté.

Naffisatou travaille actuellement sur l’insémination artificielle, une méthode par laquelle les spermatozoïdes d’un mâle géniteur sont recueillis avant d’être introduits manuellement dans l’appareil reproductif de la femelle.

Bien que discutable, ce processus présente certains avantages, notamment l’amélioration de la qualité du bétail et l’augmentation de la production.

Bien que les Nigériens aient une longue tradition de l’élevage, les taux de malnutrition restent relativement élevés, selon le Bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international.

Mme Naffisatou voit les défis qui se pointent à long terme pour son pays. « Vous ne pouvez pas répondre à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des 20 millions de Nigériens sans programmes d’élevage adéquats’’.

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La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest ont beaucoup investi au cours des dix dernières années dans la formation de jeunes chercheurs afin de combler la pénurie de scientifiques agricoles dans leurs pays respectifs.

Dans l’ensemble, environ 1000 jeunes scientifiques, dont environ 30% de femmes, ont reçu des bourses pour poursuivre des études de master et de doctorat dans les domaines prioritaires au développement de leurs pays.

Au Niger, les acteurs ont choisi de se concentrer davantage sur la formation des chercheurs dans le secteur de l’élevage. La création d’un programme de masters à la Faculté d’agriculture de l’Université d’Abdou Moumouni a été particulièrement remarquable dans le cadre de l’initiative de renforcement des capacités du PPAAO au Niger.

Le soutien comprenait la construction d’infrastructures et le paiement du temps d’enseignement. Dans l’approche du Niger, le nouveau programme de master cherche à répondre aux besoins actuels et futurs. Dans l’ensemble, la gestion du programme indique que deux promotions sont sorties avec environ  un taux d’insertion de 95 %.

Au total, environ 170 étudiants ont été formés dans divers domaines de l’élevage au Niger.

Des analyses indépendantes ont conclu que le programme a apporté une contribution substantielle à l’amélioration de la capacité de Recherche-Développement dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Soutenir le programme

Comme pour de nombreux programmes de développement, l’appropriation des activités par les Etats, est crucial pour la pérennisation des actions.

Lorsque nous avons rencontré le Vice-Recteur de l’Université d’Abdou Moumouni, qui est également le coordinateur du programme financé par le PPAAO, il a déclaré que l’université prenait de plus en plus en charge les coûts liés au fonctionnement du programme.

La stratégie à long terme consiste à faire en sorte que le programme puisse fonctionner seul avec ses propres moyens, déclare le Dr Chaibou Mahamado.

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