Introduction des variétés Nerica et Sahel : Les rendements de riz triplés en basse Casamance

riz-basse-casamanceLa huitième mission d’appui de la Banque mondiale et du gouvernement séjourne, depuis mardi dernier, dans la partie sud du pays pour voir l’état d’exécution des projets financés dans le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao-Waapp). Avec l’introduction des variétés de semence de riz (Sahel et Nerica), les rendements sont passés du simple au triple au grand bonheur des producteurs de Basse Casamance notamment ceux des communes d’Enampor, Tenghory.

Essyl, un village de la commune d’Enampor (département de Ziguinchor). En cette période de l’année, un vent frais souffle dans cette partie de l’arrondissement de Niassya. La veille, quelques gouttes d’eau ont arrosé cette zone réputée pour sa production de riz. Les villageois peinent à sortir de leurs habitations après une fête de Toussaint qui s’est bien déroulée. Ils étaient censés attendre et accueillir la délégation de la huitième mission d’appui de la Banque mondiale et du gouvernement. Finalement, c’est au compte goutte qu’ils arrivent à la place du village. Mais, ils ont exprimé leur satisfaction à la délégation qui séjourne, depuis mardi, dans la partie sud du pays pour voir l’état d’exécution des projets financés par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao-Waapp). Ce village, comme celui de Badiate, situé non loin, fait partie des bénéficiaires du projet de diffusion, à grande échelle, des variétés Nerica et Sahel. Le projet (qui prend fin en octobre 2017) est financé par le Ppaao-Waapp à travers le Fonds national de recherches agricoles et agro-alimentaires (Fnraa) d’un montant de près de 350 millions de FCfa et exécuté par l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar). Ces variétés à haut potentiel de rendement se caractérisent par leurs cycles courts (90 jours pour la variété Sahel et 70 pour le Nerica). Grâce à leur introduction, les producteurs confrontés, depuis quelques années, à la rareté des pluies, voient leurs rendements augmentés considérablement. « Depuis le démarrage du projet qui a permis l’introduction de nouvelles variétés, il y a un grand engouement des populations. Nous avons touché 12. 000 producteurs », a déclaré Ibrahima Badiane, directeur de l’Ancar en Basse et moyenne Casamance.

Selon Elizabeth Lankiane, technicienne à l’Ancar, avec l’introduction des nouvelles variétés de semences, les rendements sont passés du simple au triple. « Avec les variétés traditionnelles, les rendements étaient à 1,5 tonne à l’hectare. Grâce au projet, les producteurs obtiennent 5 à 6 tonnes à l’hectare », a expliqué Mme Lankiane.

Rendements élevés
« C’est un projet qui nous donne satisfaction. L’impact est énorme. Il a permis un changement de mentalité des producteurs qui sont passés d’une agriculture traditionnelle à celle moderne », s’est félicitée Mariama Dramé, directrice générale de l’Ancar. Elle a précisé qu’en 2015, certains producteurs ont obtenu des rendements de 8 tonnes à l’hectare. Du côté des producteurs, on salue l’introduction de ces nouvelles variétés de semences Nerica et sahel. Trouvée dans sa parcelle, Aïssatou Goudiaby cache mal sa satisfaction. Cette habitante de Badiate, un village situé près d’Essyl, a cultivé une parcelle de 0,5 hectare avec la variété Sahel. Elle soutient que ces variétés ont permis à beaucoup de familles d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en riz. « Ces nouvelles variétés sont très utiles. Elles présentent beaucoup d’avantages, surtout avec l’insuffisance des pluies. Cette année, j’espère plus de rendement. Je sais que j’aurais deux fois plus qu’en 2015», a-t-elle dit aux membres de la délégation.

Marie Manga, rizicultrice au village d’Essyl et présidente du Groupement de promotion féminine (Gpf) ne tarit pas d’éloges pour ces nouvelles variétés. « Les semences m’ont permis d’avoir un bon rendement en 2015. Elles sont de très bonne qualité et vont contribuer à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire », a déclaré Mme Manga. Le maire d’Enampor, Khalifa Bassène, et le chef du village d’Essyl, Julien Bassène, abondent dans le même sens. Selon M. Bassène, les rendements auraient dû être plus élevés si la digue d’une longueur de 16 Km dont une partie a été réalisée, avait traversé le village d’Essyl. L’édile d’Enampor a salué les efforts de la Banque mondiale et du Waap qui œuvrent, depuis quelques années, pour la modernisation de l’agriculture dans cette zone. A Nialor, village de la commune de Tenghory, dans le département de Bignona, les producteurs saluent également l’introduction de ces nouvelles variétés de semence qui ont permis d’augmenter la productivité. Après avoir écouté les bénéficiaires et les techniciens de l’Ancar, les représentants de la Banque mondiale ont exprimé leur satisfaction. « Nous sommes contentes de voir de telles performances », a commenté Aifa Fatimata Ndoye Niane, agroéconomiste, responsable du Ppaao-Waapp à la Banque mondiale. Bella Diallo du bureau de la Banque mondiale en République démocratique du Congo qui a fait le déplacement se dit agréablement surpris.

De notre envoyé spécial à Ziguinchor, Aliou KANDE

Materiel post-recolte Essyl doté d’une décortiqueuse de riz
Entendre le bruit d’un pilon dans le village d’Essyl est devenu un mauvais souvenir. Dans le projet de diffusion à grande échelle des variétés Nerica et Sahel, les producteurs de ce village de la commune d’Enampor ont acquis une décortiqueuse. Un outil de travail très apprécié par les bénéficiaires, au premier chef, Julien Bassène, le chef de village. « Depuis la mise en marche de la décortiqueuse, on n’entend plus le bruit des pilons dans le village. C’est une machine très performante », a déclaré M. Bassène.

Il a ajouté que les femmes rentraient des rizières très fatiguées et devaient piler le riz. Maintenant, en un temps court, la céréale est prête. Il a souligné que les femmes ont plus de temps et peuvent rester dans les champs jusqu’à 18 heures puisqu’elles n’ont plus à piler le riz. La présidente du Gpf, Marie Manga, soutient, à son tour, que la machine est très utile. Elle a rappelé que grâce au projet, les populations du village ont pu acquérir, également, des motoculteurs et une faucheuse. « La décortiqueuse est une aubaine pour les femmes. Elle fait un travail rapide, propre », renchérit Gilbéria Bassène. « Avant, nous étions fatiguées. Maintenant, nous ne pilons plus. C’est une bonne chose », ajoute Guéréba Manga, habitante du village.

A. KANDE