Riziculture pluviale : La méthode Sri donne des résultats satisfaisants dans le bassin arachidier

Entamés en 2015 dans le bassin arachidier sud, le Système de riziculture intensive (Sri) commence à donner des résultats probants. Le constat a été fait par la 10ème mission conjointe d’appui de la Banque mondiale (Bm) et du gouvernement à la mise en œuvre du Ppaao/Waapp 2A du Sénégal qui s’est rendue à Dialacouna, Sotokoye, Coular Socé et Missirah, villages situés dans les régions de Kaolack et Fatick.

De loin, après le passage du pont du bambolong, on entend des femmes-productrices de Dialacouna et de Sotokoye, villages situés dans la commune de Kayemor, pousser des cris de joie. Elles ne cachent pas leur satisfaction à l’endroit de leur bienfaiteur, le Programme Ppaao/Waapp. Jeunes et vieilles dames dont certaines, bébé en califourchon au dos, ont démontré, par des pas de danse endiablés, à la venue de la 10ème mission conjointe d’appui de la Banque mondiale (Bm) et du gouvernement, toute leur satisfaction. Les populations de ces deux villages, riverains de la vallée de Kayemor, ont longtemps attendu cette rupture par rapport à ce qui se faisait dans le passé concernant la riziculture dans les bas-fonds. Avec l’ancienne méthode, les rendements ne suivaient presque pas. Grâce à la diffusion à grande échelle du Système de riziculture intensive (Sri) dans les zones de riziculture pluviale du bassin arachidier sud, la situation a changé. Ce projet financé par le Ppaao/Waapp, à travers l’un de ses bras techniques, le Fnraa, a été réalisé par l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar).

Dialacouna et Sotokoye (Kayemor) sont situés à 15 kilomètres du Croisement Firgui (sur la route de Nioro du Rip-Keur Ayib). Au Croisement Firgui, il faut bifurquer à gauche et remonter vers l’est en empruntant une piste sablonneuse et passer le pont de bambolong, en laissant derrière, un peu loin à gauche, le village de Kabacoto. Le passage du pont donne des sueurs froides. L’état de délabrement très avancé de l’infrastructure ainsi que la piste cahoteuse aggravent l’enclavement de la zone et retardent son développement. Dans le passé, de l’avis du maire de Kayemor, Abdoulaye Cissé, le pont avait fait beaucoup de victimes. « Depuis 1963, les populations de la commune de Kayemor ne cessent de réclamer sa réhabilitation et le bitumage de la route allant du Croisement Firgui à Kayemor », déclare-t-il. Un kilomètre après le pont du bambolong, nous sommes à Dialacouna, premier village de la commune de Kayemor ; Sotokoye est distant de deux kilomètres de Dialacouna.

Meilleur rendement
La réalisation de la digue anti-sel en 2011 par l’Usaid (pour retenir les eaux de ruissèlements et celles du Bambolong dans leur lit) a fait renaître l’espoir dans ces deux villages qui ceinturent la vallée du Kayemor. Les populations ont récupéré des terres et pratiquent la méthode Sri avec l’appui de l’Ancar. Cette pratique culturale, importée du Mali, commence à porter ses fruits. 120 producteurs de riz, membres de « Jappo Liguey » de Sotokoye et «Deh Gui» de Dialacouna ont emblavé 10, 2 hectares en 2017 en semant les variétés Sahel 177, Sahel 108 et Nérica 4. Au passage de la mission d’appui conjointe de la Banque mondiale, les cultures étaient au stade d’épiaison-floraison et de maturation.

Gagny Cissé, habitant de Dialacouna et Adam Cissé, habitant de Sotokoye font partie des producteurs-bénéficiaires de ce programme. Ils ont salué l’avènement de cette méthode. Ils ont affirmé que les rendements sont au rendez-vous depuis qu’ils ont commencé à pratiquer cette technologie, il y a deux ans. Ils récoltent 8 à 10 sacs de 50 kg grâce à la méthode Sri contre un à deux sacs auparavant pour une superficie de 0,25 hectares. De nombreux producteurs peuvent rester des mois sans acheter du riz puisqu’ils vivent de leur production presque toute l’année. « Actuellement, nous n’achetons que deux sacs de riz de 50 kilogrammes par an du fait des avantages de la méthode Sri », déclare Ousmane Ndiaye, producteur.

La présidente du groupement des femmes de Dialacouna, Djeynaba Diao, espère, cette année, un meilleur rendement. Ces résultats probants ont été obtenus, selon elle, grâce à un travail collectif et à l’accompagnement du Fnraa (Ppaao/Waapp) et de l’Ancar. Toutefois, elle n’a pas manqué de plaider pour l’acquisition de l’équipement et du matériel agricole. Le maire de Kayemor, Abdoulaye Cissé, précise qu’une étude exhaustive de la vallée de Kayemor préconise la mise en place d’un bassin de rétention doublée d’un panneau de bec de canard sur quatre kilomètres. « Ce bassin va garder les eaux de ruissellement et permettre un écoulement doux pour que le riz puisse se développer dans la vallée », dit-il.

L’ambition des populations de la commune de Kayemor, est de poursuivre le processus d’aménagement en enlevant toute la végétation inutile et même de concurrencer les producteurs de la vallée du fleuve Sénégal malgré leur matériel rudimentaire. « Maintenant que nous avons réussi à maîtriser la salinisation et que la riziculture se porte bien, notre souci, c’est d’enlever cette végétation inutile ; ce programme est en cours (septembre) », informe le maire. M. Cissé précise qu’ils sont en train de chercher des partenaires pour les aider dans ce sens. A la fin de la culture rizicole, les productrices s’adonnent au maraîchage. Leur production est écoulée dans les marchés hebdomadaires.

Souleymane Diam SY